GERARD TRAQUANDI

TERRES BAROQUES

 

«Aujourd’hui, les peintres veulent raconter une histoire. Moi, ce qui m’intéresse, c’est plutôt la façon dont c’est fait. En faisant l’éloge des matériaux, j’aimerais que mon tableau (ou ma sculpture) soit aussi beau que la nature.»

Gérard Traquandi, proche de la nature, traque la beauté depuis sa prime jeunesse qu’il exprime à travers le dessin, la peinture, la photographie, la céramique.

La « Beauté », il ne craint pas ce mot et assume sans complexes sa différence avec la pensée dominante qui sévie dans l’art contemporain. Il considère que notre monde actuel est suffisamment envahi de laideur pour ne pas en rajouter sous prétexte de la dénoncer. Il préfère rechercher et traduire dans son langage plastique les manifestations de la beauté qui se révèlent à ceux qui savent encore la voir.

Plutôt que de raconter des histoires nombrilistes ressassées ad nauseum, Traquandi à travers ses oeuvres se réfère à la nature. Les arbres, les rochers, la neige, la mer, les éléments atmosphériques … sont pour lui des sources d’inspiration inépuisables.

Homme de grande culture, féru d’histoire de l’art, il aime également revisiter les maîtres du passé, particulièrement les maniéristes florentins dans sa peinture, tels que Parmesan ou Pontormo, et dans sa sculpture, aussi bien les sculpteurs du grand siècle tel que Pierre Puget, que ceux du XIXème siècle comme Carpeaux, ou plus proches de nous comme Lucio Fontana.

Artiste / Artisan recherchant le contact physique avec les matériaux, qu’il aime à triturer, griffer, poncer, étaler, malaxer, découper, assembler … pour en faire ressortir la substantifique moelle au terme de longues expérimentations, le modelage de la terre ne pouvait que l’attirer.

Il pratique cette antique tradition depuis une quinzaine d’années, l’été, à la poterie Ravel à Aubagne. Cette manufacture familiale presque bicentenaire ouvrant généreusement ses ateliers à des artistes en résidence qui peuvent ainsi profiter de l’expérience de ses potiers.

Jouant de la malléabilité de la glaise triturée à pleines mains avec jubilation, Traquandi nous livre des morceaux de sculpture en céramique d’une belle nervosité baroque, déclinés en reliefs et jarres, indifféremment abstraits ou à la limite de la figuration. Clin d’œil à Fontana, se distinguent parfois un Christ en croix ou une Piéta d’une élégance intemporelle.

Monochromes, ces céramiques sont revêtues de glaçures d’émail d’un beau blanc crémeux ou d’un profond noir mat, ou bien encore laissées en terre cuite brute légèrement fumée, telle cette énorme jarre dévoilée l’année dernière dans la crypte de l’Abbaye Saint-Victor à Marseille.

Né à Marseille en 1952, Gérard Traquandi vit et travaille entre Paris, Aix et Marseillle.
Il nourri une prédilection pour les lieux singuliers, de préférence chargés d’histoire. Ces dernières années il a exposé seul ou en groupe, assumant fréquemment le rôle de commissaire d’exposition. Citons, La règle et l’intuition Abbaye de Montmajour en 2016 ; Dans le jardin des simples Abbaye de Silvacane en 2017; Anima Mundi Abbaye Saint-Victor dans le cadre de Manifesta à Marseille en 2020 ; Contrepoint Espace de l’Art Concret en 2020 ; Ici et là au Musée Cantini en 2021.

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