JEAN PROUVÉ

PAVILLON 6X9
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BUNGALOW DU CAMEROUN


« Restaurer un édifice n’est pas seulement l’entretenir, le réparer, le repeindre (…) Le meilleur moyen de le préserver c’est de lui trouver un emploi. »
Eugène Viollet-le-Duc

Outre les travaux effectués sur le site, la petite équipe de la Friche de l’Escalette anime sur place toute l’année des ateliers de restauration (menuiserie/ébénisterie, métallerie, résine…) consistant à restaurer et redonner un emploi aux architectures de collection de Jean Prouvé et autres créateurs visionnaires de la modernité comme la maison Futuro de Matti Suuronen (voir site friche-escalette.com exposition Utopie Plastic 2017) qui sont généralement délaissées après leur exposition.

La restauration de bateaux traditionnels en bois est également au programme. Une première restauration complète d’une barquette marseillaise, le Roucaou, sorti du chantier marseillais Nadeï en 1971, amarré dans le petit port de l’Escalette, vient d’être menée avec succès.

PAVILLON 6×9 (1944/45)
Hauteur au faîtage 2,90 m.
Encombrement au sol 6 x 9 m.

« Il faut construire des maisons en série comme des automobiles… »
Jean Prouvé

Une brève explication s’impose pour comprendre en quoi ces modestes constructions et leur créateur jouent un rôle important dans l’histoire de l’architecture moderne et contemporaine. Les architectes de la modernité comme Le Corbusier (1887-1965) où Mallet-Stevens (1886-1945), utilisent le béton armé – coulé sur place – invention vulgarisée au début du XXe siécle par Gustave Perret (1876-1952).

Dès les années trente Jean Prouvé (1901-1984) et quelques autres comme Buckminster Fuller (1895-1983) aux USA, empruntent une voie différente : la préfabrication d’éléments standardisés en usine et l’assemblage “à sec” sur place dans un court délai.

Depuis quelques décennies le tout béton est de plus en plus délaissé – tout d’abord dans les bâtiments prestigieux puis de nos jours de plus en plus dans les bàtiments usuels – au profit de la solution de Jean Prouvé, comme en témoigne dès 1971 l’avant-gardiste Centre Georges Pompidou, construit par Renzo Piano et Richard Rogers, désignés sur concours international dont Jean Prouvé était le président d’honneur du jury. Aujourd’hui, les bâtiments prestigieux de Jean Nouvel, Frank Gehry… et autres grands noms de l’architecture contemporaine, sont pour la plupart préfabriqués en usine puis assemblés in situ tel un grand ”Méccano ”

Le Pavillon 6×9 est un type de ” baraquement “ d’urgence commandé aux Ateliers Jean Prouvé à la Libération par le ministère de la reconstruction afin de reloger les habitants de Lorraine sinistrés par les bombardements.

Réalisé à sept cents unités, en plusieurs formats, dont une trentaine d’exemplaires a survécu, soigneusement restaurés et collectionnés dans le monde avec ferveur.

Cette maisonnette incarne parfaitement le concept de construction en série – expérimenté dès les années trente – réalisation en atelier, livraison en kit et assemblage sur place en quelques jours, cher à Jean Prouvé.

L’on retrouve le portique axial et autres éléments porteurs en tôle d’acier pliée – son matériau et technique fétiches – mixés avec les éléments couvrants en panneaux de bois à doubles parois isolantes, matériau des années de pénurie d’après-guerre, remplacé par la suite par l’aluminium.

Certaines de ces petites structures pratiques, solides et bon marché, abritaient encore des occupants jusqu’au début des années 2000, malgré leur caractère ” provisoire “.

 

 

 

(…) Les maisons préfabriquées, c’est le grand dada actuel. Pourquoi usinée ? Parce qu’il s’agit plus seulement de fabriquer un ou plusieurs petits éléments d’une maison destinée à être assemblée, mais que tous les éléments correspondent à ceux d’une machine que l’on monte entièrement mécaniquement, sans qu’il soit nécessaire de fabriquer quoi que ce soit sur le chantier. Les matières qui constituent les éléments peuvent être extrêmement variées, aller du bois à l’acier (…) J’étais assez partisan de la construction mixte; on obtient par l’acier la précision, une certaine solidité, de la rigidité, et le bois entre dans la construction comme pellicule de la maison (…) Il faut montrer au public que la maison usinée est une maison confortable, et vaincre la routine ».

Jean Prouvé, il faut des maisons usinées, 1946

BUNGALOW DU CAMEROUN MODELE STANDARD A MODULE SIMPLE (1958-1964)

Trame modulaire de 8,75 x 8,75 m délimitée par les quatre poteaux porteurs. Existe en un ou deux modules assemblés.
Hauteur sous faux plafond cellule habitation 2,93 m.
Hauteur au faîtage 3,61 m.

Jean Prouvé conçoit en 1958 un prototype unique ” d’Habitat Tropical en zone humide “, à charpente métallique, réalisé par les Constructions Jean Prouvé et par la société Travaux d’Afrique, concrétisant ses recherches prospectives d’un système d’habitat industrialisé pour les pays tropicaux et en particulier pour l’Afrique Noire.

C’est ce prototype qui a été exposé en 2016 Friche de l’Escalette.

Après simplification du prototype et abandon de la charpente métallique trop onéreuse au profit d’une charpente en bois de fabrication locale, ces recherches, fruit de la collaboration entre Jean Prouvé, ingénieur conseil, et l’Atelier d’architecture LWD (Lagneau, Weill & Dimitrijevic), aboutiront en 1964 à la réalisation d’un programme de classes et logements d’instituteurs, lancé au Cameroun sur concours international du fonds européen.

Les façades en ondes d’aluminium de Jean Prouvé, habillant les différentes variantes de ce bâtiment, constituent le ” morceau de bravoure ” de ces structures et leur conf.rent une esthétique extraordinaire, tant vues de l’extérieur que de l’intérieur.
Outre ses qualités esthétiques, ce type de bâtiment est un parfait exemple de ventilation naturelle d’une efficacité remarquable, permettant de se passer totalement de climatisation.
Avec près d’un siécle d’avance (premières études menées dans les années trente et réalisation du premier prototype de Maison tropicale pour  Niamey (Niger) en 1947-1949) Jean Prouvé met en oeuvre un concept parfaitement d’actualité, avec le réchauffement climatique et son corollaire,
les indispensables économies d’énergie et la lutte contre les émissions de CO2.

Une vaste toiture débordante fait office de parapluie/parasol sous laquelle est logée la cellule d’habitation dot.e de son propre toit. Entre les deux toitures un vaste espace vide permet la libre circulation de l’air. Les perforations des ondes en aluminium des façades avant et arrière, laissent
entrer un air pressurisé.

Les espaces équipés, à notre initiative, de panneaux vitrés en périphérie haute de la cellule d’habitation afin de pouvoir utiliser le bungalow en toutes saisons en climat tempéré, étaient à l’origine laissés libres et dotés de moustiquaires, rendant la circulation de l’air encore plus effective.

C’est l’un de ces rares bungalows d’habitation pour instituteur, à module simple, rescapé de la destruction par les termites, le climat et le manque d’entretien… que nous exposons depuis plusieurs années Friche de l’Escalette.

 

Fidèles au précepte de Viollet-le-Duc, que nous avons fait notre, ce bungalow est en cours d’aménagement en habitation de loisir selon les critères de confort actuel et utilisant les énergies renouvelables. Des modules abritant sanitaires, cuisine et rangements sont disposés aux quatre coins du bungalow, utilisant des façades à portes coulissantes de placards intégrés ” type Brazza” de Charlotte Perriand et Jean Prouvé provenant de l’Unité d’Habitation Air France de Brazzaville (Congo).

Du mobilier solide, simple et pratique, de même époque et sensibilité, équipe le bungalow, créations des amis architectes/designers de Jean Prouvé : de Charlotte Perriand, trois banquettes à lattes type Cansado et trois chaises paillées type Méribel ; de Le Corbusier et/ou Pierre Jeanneret, du mobilier créé pour la ville nouvelle de Chandigarh (Inde), soit une banquette et deux chauffeuses basses pour la Haute-Cour (PJ-LC), deux tables et deux sièges cannés pour Penjab University (PJ).

Plus contemporains, des luminaires Flotteurs de Yonel Lebovici ; des colonnes lumineuses Tour des vents de Guy Bareff, des Masques en carton découpé de Lilian Daubisse, des patères Dorsalede l’Atelier Baptiste & Jaïna.

 

 

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