Myriam MihindouTransmissions

Exposition
du 1er juillet 2019
au 30 septembre 2019

En résonance avec l’esprit des lieux, Myriam Mihindou présente Transmissions.
Un ensemble de cannes en grès chamotté à la peau rugueuse et aux teintes sourdes sont sus- pendues par des cordes de chanvre aux branches d’un pin torturé par le vent, évoquant ces arbres sacrés couverts d’ex-voto et d’offrandes dédiés en Inde aux divinités de la nature.
Dans le cadre de cette friche, riche de la mé- moire de son activité passée, cette œuvre char- gée de sens trouve tout naturellement sa place. Réalisée en 2018 pour la Chapelle Picasso de Vallauris, Transmissions démontre avec éclat l’ap- titude du travail de Myriam Mihindou à s’adapter d’un lieu de mémoire à l’autre.

Cette exposition est réalisée avec l’amicale colla- boration de la Galerie Maïa Muller, représentant l’artiste en France.

Myriam Mihindou

La vie et l’œuvre de Myriam Mihindou sont in- dissociables. D’origine gabonaise, née d’un père africain et d’une mère française et artiste nomade, son œuvre conte des histoires métis- sées et reflète des identités multiples. Dans ses œuvres Myriam Mihindou interroge le statut de la femme, questionne l’exil, les frontières, ré- veille la mémoire, collective et personnelle.

« Nomade, elle s’approprie les espaces, les in- carne, nous donnant à voir des états de passage, initiatiques, cathartiques. » écrit Youna Ouali. Quels que soient les médiums utilisés, Myriam Mihindou convoque et invoque le corps. L’artiste a participé à de nombreuses manifesta- tions notamment la Biennale de Venise en 2017, avec une performance marquante intitulée La Curée.

Myriam Mihindou place son corps au cœur d’une pratique artistique protéiforme. De la per-
formance à la sculpture en passant par le dessin ou la vidéo, le corps est l’outil, l’élément qui connecte, qui communique, qui transmet. Elle entretient une relation forte avec le Vivant qu’elle nomme « le grand corps » : celui de la nature, des êtres vivants compris comme un tout, un corps pluriel libéré des contraintes de hiérarchies et de dominations. La terre, l’eau, le fil, les végé-
taux, le bois, les minéraux, le verre, le métal, la glace, le vent sont les matériaux à partir desquels l’artiste donne une traduction plastique à une relation et à une compréhension du grand corps.
Alors qu’elle est en résidence à Vallauris en 2017, Myriam Mihindou s’imprègne de l’histoire du
lieu, ainsi que des techniques liées aux arts de la céramique. Au fil des semaines, elle réalise des hampes modelées en grès chamotté blanc et rehaussées d’émaux colorés.

Entre la liane, le tuber- cule, le serpent ou la lave, les hampes – suspendues à des cordes de chanvre au plafond d’une chapelle ou sur les branches d’un arbre – apparaissent comme des membres, des corps, tous différents, des organes dont les origines pourraient être plurielles. Des corps-rhizomes qui vont permettre une connexion (physique, sonore, mémorielle), d’un corps à un autre, vers un autre. Le titre de l’œuvre, Transmissions, convoque les connexions, visibles, invisibles, sensibles, mé- taphoriques, audibles ou inaudibles entre les êtres, entre les histoires. Le corps, constamment à l’œuvre dans la pratique de Myriam Mihindou, participe d’une contamination et d’un rayonnement vis-à-vis du grand corps. La fabrication et la mise en espace (en contexte) des corps-rhi- zomes attestent d’une conscience névralgique d’appartenir à un ensemble, à un héritage pluriel, une mémoire collective traversée de langages, de cultures, de gestes, de mythologies, de trauma- tismes, de beautés, de paysages, de rituels et de traditions. Les corps-rhizomes lient les mémoires individuelles pour générer une transmission collective, un prolongement, un passage dans le temps et dans l’espace.

Julie Crenn

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