Parcours sculptures

Quelques sculptures modernes ponctuent le parcours de la visite de la friche, œuvres de grands sculpteurs, actifs du début des années 1950-1960… jusqu’à nos jours. Tous appartiennent à cette ultime génération d’artistes privilégiant le contact physique avec la matière : terre, plâtre, pierre, céramique, bois, métal…

Ils partagent également le même idéal d’apporter de la beauté et de la poésie à l’environnement quotidien pour le plus grand nombre, en créant des œuvres en accord avec l’architecture, l’urbanisme, le paysage.

Ils sont de la même essence humaniste que Jean Prouvé, par ailleurs ami de François Stahly.

Héloïse BARIOL

Parallèlement à sa production de belles céramiques utilitaires de pots et vases peints, Héloïse Bariol mène des recherches intégrant sculpture/ architecture/paysage, le mouvement Land Art constituant l’une de ses sources d’inspiration.

Cette claustra constituée de modules identiques en terre cuite est à ce jour sa plus grande réalisation.

D’une grande souplesse d’utilisation avec ses blocs empilés, simplement liés entre eux par une ligature de fil de cuivre, cette œuvre se prête à toutes les formes. Tour à tour élément scénographique ou sculpture disposée en virgule, lors de précédentes expositions à La Borne et à Rouen, sa longueur a été doublée par l’ajout de modules afin d’occuper pleinement l’espace de l’un des anciens ateliers de la Friche de l’Escalette. Une réponse au symbole en creux formé par le canal ménagé dans le sol, témoin de l’ancienne activité métallurgique des lieux.

La palette étendue des teintes de la terre, révélée par la cuisson au bois dans un four traditionnel japonais Anagama, allant de l’orangé au pain grillé, vibre sous le grand soleil marseillais et se fond dans l’écrin des murailles de pierres et de briques.

Modulant l’espace, la claustra laisse passer l’air et la lumière tout en brouillant la vision, ménageant ainsi une ambiance de mystère en accord avec les ruines énigmatiques de la Friche de l’Escalette.

Héloïse Bariol est née en 1983 au Puy en Velay. Après des études aux Beaux-Arts de Valence, elle concentre ses recherches sur la céramique depuis une dizaine d’années. Son atelier est installé à Rouen.

Elle compte parmi les céramistes qui ont exposé dans le remarquable bâtiment du Centre de Céramique Contemporaine de La Borne en 2020, en présentant sa claustra dont la cuisson a été réalisée in-situ, ainsi qu’une maquette de musée à la scénographie minimaliste.

La Borne, traditionnel village de potier du Berry, devenu un haut lieu de la création céramique depuis les années 1950, a conservé son authenticité et son niveau d’excellence, permettant aux jeunes céramistes les plus talentueux de produire et exposer leurs créations.

COSTAS COULENTIANOS, 1918-1995

Envol, 1967
Acier Corten, 120 x 155 x 60 cm

À partir de lourdes plaques de métal soudées, Coulentianos réussi la gageure de créer des œuvres aériennes et joyeuses. Envol en est la parfaite illustration.

Une version monumentale réalisée pour les Jeux Olympiques de Grenoble se trouve dans le parc Mistral à Grenoble.

MARJOLAINE DEGREMONT, 1957

L’oeil du chat, 2007
Bronze à patine gris vert, tirage 1/8, Fonderie Paumelle

H. 350 x l. 100 cm

Un oeil cyclopéen – mais est-ce bien un oeil ou un sexe féminin ? – dressé sur trois pattes grêles semble posté en guetteur. Cette créature un peu grotesque et inquiétante est emblématique de l’oeuvre décalée et poétique de Marjolaine Degremont tirée de son riche univers personnel marqué par des expériences de vie peu communes.

Vincent SCALI, 1956

Fragments, c. 1990
Plaques d’acier soudées, 92 x 63 x 65 cm

Vincent Scali plasticien, vit et travaille à Paris.
Ses recherches du début des années 1990 le place à proximité de l’Arte Povera (Giuseppe Penone) et de Markus Raetz. De cette filiation, on reconnait l’emploi de matériaux simples issus de la nature comme des feuillages et des branchages.

Sculptures en bronze installées sur la friche de l’Escalette

Ces trois sculptures ont été produites au début des années 90. Le procédé technique utilisé est la fonte directe ( on évite le moule, la branche ou la feuille est directement donnée au fondeur qui l’enrobe de terre réfractaire, la fait cuire et remplace le vide ainsi obtenu par du bronze).
L’idée qui présidait à leur réalisation est la transmutation, le passage d’un état à un autre, des éléments végétaux qui les composent.
Il s’agissait de figer les feuilles et les branches qui par définition se renouvellent sans cesse.
L’utilisation du bronze, la patine vert-antique, l’organisation des compositions qui rappelle les peintures religieuses du 16° siècle (Corrège, Tintoret) où apparaissent 3 niveaux (la vie terrestre en bas, la vie spirituelle avec les anges et les nuages au milieu et la vie éternelle avec la lumière et le saint-esprit en haut), expriment une volonté de se situer hors du temps, d’inscrire l’oeuvre dans la pérennité. Ce processus de pétrification de la nature nous invitant à une réflexion sur le temps comme passage constant d’une forme dans une autre.
A ce titre, la présence de ces oeuvres à la Friche de l’Escalette fait sens puisque nous sommes ici sur les vestiges d’une ancienne usine de plomb devenue décharge et casse automobile, et destinée à devenir un parc de sculptures et d’architectures légères…
Quoi de plus naturel donc, que de se placer sous le signe des métaux, ici, au bord de cette Méditerranée qui a vu tant de changements, pour accompagner le changement, sortir d’une époque pour entrer dans une autre.

FRANÇOIS STAHLY1911-2006

Chaîne d’eau, 1955-1960
Bronze, 400 x 15 x 15 cm

Dans le long et beau parcours de Stahly, allant des sculptures biomorphiques fortement inspirées de la nature, en passant par les grandes installations totémiques en bois sculpté et le land art, à l’époque ou le terme n’était guère usité en France, la Chaîne d’eau est l’une de ses créations parmi les plus fascinantes.

La famille des Chaînes d’eau est créée en 1955-1960, pour les architectes Paul Herbé et Jean Le Couteur pour les descentes d’eau de la Basilique d’Alger, non réalisées en raison de la guerre d’Algérie.

Ce thème sera à l’origine de plusieurs Chaînes d’eau et Colonnes d’eau d’une rare élégance plastique.

Pierre TUAL, 1941

Reliefs
Acier Corten

Pierre TUAL joue avec le métal, l’acier Corten de préférence, comme d’autres jouent avec le papier.

Une dizaine de ses Reliefs sont présentés comme épinglés contre un mur cyclopéen des ruines de l’Escalette, accentuant l’effet d’apesanteur de ces « chiffonnages » de feuilles d’acier. A leurs pieds quelques Arches graciles sont délicatement accoudées contre le mur. Dans le bungalow du Cameroun de Jean Prouvé, deux empilements harmonieux de feuilles de métal font office de tables basses.

Pierre Tual est d’un naturel jovial mais discret, il vit avec son épouse, l’artiste Françoise Paressant, en pleine nature sauvage dans leur domaine du Perche. Il travaille seul avec une passion et une énergie intacte, déployant une grande ingéniosité pour plier ses grandes tôles, allant même jusqu’à utiliser un vénérable tracteur.

Il a remporté de nombreux concours et plusieurs de ses sculptures de très grands formats occupent l’espace public, comme la grande Arche d’acier laquée vert d’eau, bien connue des parisiens, qui s’élève depuis 1989 au milieu de la petite rue piétonne de la Jussienne à l’angle de la rue Etienne Marcel, dans le quartier des Halles. Citons également parmi ses réalisations marquantes la Cascade des Longchamps en acier Corten à Rennes (1984) ou les Terrasses de l’Agora à Evry (1987).

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