Cabanes perchées où Des journées entières dans les arbres le projet de l’artiste pour la Friche de l’Escalette, cette saison 2022, une installation in-situ, prolonge l’oeuvre sans contredire ses précédentes inflexions.
[Si aujourd’hui, devant la mer, sous le soleil, le ciel d’azur et le chant des cigales dans les pins, ces ruines dégagent une atmosphère apaisante, il n’en a pas toujours été ainsi. Espace au dur passé que celui-ci, une usine métallurgique où l’on traitait le minerai de plomb, activité hautement polluante, ou des générations d’ouvriers pauvres, principalement italiens, repartaient au pays atteints du ” mal du plomb “, le saturnisme.]
Marjolaine Dégremont, dans ce périmètre (…) au passé chargé va occuper un ancien atelier à ciel ouvert d’une centaine de m2. Elle y “met le blanc”, pour commencer. Plusieurs fosses et socles sont passés à la chaux, comme parés d’un manteau symbolique de pureté (…) puis ponctués de cabanes perchées, blanches encore, exposées en nombre et toutes à l’état de déséquilibre, proches de basculer dans le vide, à l’image de L’homme qui tombe de Giacometti (…)
L’ensemble, qui peut se parcourir à pied, en se déplaçant au sein de l’installation elle-même, s’assimile à une promenade allégorique dans un milieu à la fois menacé et rédimé, aussi abandonné pour la civilisation humaine qu’il se voit repris en charge par l’intervention artistique, sur un mode récupérateur, salvateur aussi (…)
Paul Ardenne est écrivain et historien de l’art. Il est notamment l’auteur de Art, le présent (Regard, 2010) et de Un Art écologique. Création plasticienne et anthropocène (La Muette/BDL, 2018)